AU BORD DE LA SEINE...
La twingo a repris sa dérive le long d'une des boucles de la Seine. Au bout d'un petit chemin, nous suivons la direction du camping des Groux. La directrice du lieu abandonne sa tondeuse, nous accueille et raconte.
En 12 ans d'activité dans ce camping, elle a observé un changement de clientèle. Il n'y avait en effet, à l'époque, pas de demande pour des ouvriers en déplacement, qui aujourd'hui en revanche constituent une bonne part de la clientèle. Ce camping accueille également des résidents qui louent pendant 6 mois un emplacement et qui viennent les week-end et les vacances. Quelques parcelles sont réservées aux touristes venus passés quelques jours essentiellement au printemps. Plus rarement, elle accueille des personnes qui ont été mutées, et qui s'installent au camping, le temps de trouver un logement.
Situé en zone inondable, seuls le bureau de 15 m² à l'entrée surélevé de bois et les deux blocs sanitaires à l'entrée sont en dur. Sinon tout est léger.
Il est 18 heures. De nombreuses personnes rentrent dans le camping.
« Pour certains, ils travaillent pour la SNCF, actuellement sur le chantier de rénovation d'un pont à Rosny sur Seine, ou plus globalement sur l'entretien des voies. D'autres travaillent dans la centrale thermique EDF à Porcheville, ou chez Renault, bien que l'usine soit un peu loin. Les gens viennent ici pour trouver un peu de calme. D'autres encore travaillent dans la carrière Lafarge. Nous avons aussi des ouvriers du bâtiment qui viennent retaper une maison dans le coin.
Ce qu'ils apprécient ici, c'est que c'est moins cher et que la formule camping offre une plus grande liberté. Ils peuvent notamment cuisiner. C'est en partie pour cela, que les mobilhomes et les caravanes sont entièrement équipés en vaisselle, draps, etc. »
Rien de systématique, parfois ce sont les entreprises qui réservent, parfois directement les travailleurs. Quand ce sont les entreprises qui payent, elles négocient les prix ! Mais la directrice n'est pas contre, parce qu'ils réservent pour de longues périodes, comme 2 ou 3 mois.
Pendant notre conversation, un homme s'arrête devant la barrière, sort de son camion, et vient à notre rencontre. C'est un travailleur qui dort là où il travaille "en ville" dans son camion. Nous n'en saurons pas davantage. Il n'a pas d'eau et cherche désespéramment un endroit où prendre une douche. Visiblement, deux campings lui ont déjà refusé l'accès à l'eau. Ici, ce sera possible.
à plusieurs on est plus fort.
Quand une grosse entreprise a besoins de main d'oeuvre, elle n'a d'autre choix que de l'organiser, réservant ces campings par exemple. Mais les travailleurs solitaires, que personne ne fait venir ni n'attend nulle part, qui se déplacent sans doute au grès du travail, sont condamnés à plus de précarité. Ils essaient juste d'être au bon endroit, au bon moment !