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EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°10 : GLAUQUE EST UNE COULEUR

Numéro 10


En 2019, Echelle Inconnue a entamé un projet intitulé Camping industriel - Observatoire critique de la métropolisation de l'axe Seine ; il fait suite au développement de la première Zone Économique Spéciale de France, à Port-Jérôme-sur-Seine, ainsi qu'à l'incendie de l'usine Lubrizol survenu à Rouen le 26 septembre 2019. Ces deux événements sont révélateurs d'une réforme majeure de notre environnement politique et urbain : la Métropole.

La Métropole n'est pas un phénomène naturel mais une construction empirique de la ville adaptée à l'application des mesures néo-libérales préconisées par le Consensus de Washington ; elle est expérimentée de manière brutale dans l'espace post-soviétique dans les années 1990 et se met en place lentement à l'Ouest de l'Europe depuis le début des années 2000.

L'économie métropolitaine est aussi une économie de la destruction. Détruire pour reconstruire, plus beau, plus dense. Mais aussi peut-être demain, détruire pour produire des déchets susceptibles de fournir l'industrie du recyclage et du traitement sobrement appelée « économie circulaire ». La Métropole tend aujourd'hui à se penser en écosystème autonome. Or, il est clair que la production métropolitaine inonde son environnement plus ou moins proche de déchets, d'usines pour les traiter, et d'autres pour produire ce dont elle continue d'avoir besoin.

On développe des Zones : Zones industrielles, Zones de loisir, Zones d'activité, Zones de riches (gated comunities) ou Zones de pauvres et, plus particulièrement depuis ces dernières années, des Zones Économiques Spéciales. La première de ces Zones Économiques Spéciales vient de voir le jour en France, le long de la Seine, entre le Havre et Rouen, à Port-Jérôme. Dans ces espaces, les règles changent tant du point de vue du droit de l'urbanisme que du droit du travail ou du droit fiscal.

Et alors ? Rien... Si ce n'est que dans ces Zones habitent ceux avec qui nous travaillons depuis plus de dix ans. Les exclus du mirage métropolitain : un nombre croissant d'individus amenés à vivre en caravanes, camions, tentes, mobile-homes et autres campings, aires d'accueil ou bases vie. Peuple que le capitalisme urbain déplace et qui vient rejoindre au ban des villes les populations de Voyageurs, Sinté, Manouches, Gitans ou Yéniches ; cette éternelle population test des mesures de ségrégation urbaine et de contrôle.


Sommaire du numéro 10
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EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°10 : GLAUQUE EST UNE COULEUR
FILMER LE TRAVAIL,
C'EST FILMER [DANS] LE TRAVAIL. QUAND L'ENTREPRISE REFAIT TERRITOIRE

LES CAGOTS, LE RETOUR

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.