De l'Ukraine à Moscou en passant par la Moldavie et, peut-être bientôt, la France.
Ce n'est pas, dans le désordre, le parcours qui mena le jeune Nestor Makhno de Goulaï Polié à la prison moscovite de Boutyrka puis de l'Ukraine à la France en passant par la Moldavie pour échapper aux balles russes et françaises. Mais plus simplement le parcours d'un drôle de véhicule forain croisé avec son propriétaire au bord d'un trottoir de la gare de Beloruskaya.
Nous l'avions croisé en Moldavie déjà, mais c'est d'Ukraine que vient la voiture/café. C'est Oleg qui nous le dit à l'arrière de son véhicule équipé.
Il a vu ça en Ukraine et a décidé d'importer l'idée à Moscou. Sa voiture équipée là-bas d'un percolateur à alimentation mixte (gaz et électricité) d'un moulin à café et de tiroirs de rangement en inox, il sillonne les rues de Moscou selon un trajet précis comme trois autres de ces véhicules, véritables cafétérias ambulantes. La marque de café qui estampille le flan de sa voiture signe un accord commercial particulier.
« Le problème, c'est qu'on se fait perpétuellement virer dès que l'on stationne quelque part. C'est pour ça que j'ai passé un accord avec cette entreprise pour qu'elle se charge d'arranger les histoires d'autorisation... »
Dans une ville qui voit ses kiosques et autres formes légères de petits commerces arrachés par les pelleteuses pour faire correspondre le territoire à la carte postale fantasmée d'une métropole en concurrence avec Londres, New York ou Paris, le dispositif d'Oleg peut s'apparenter à un contournement ou une tactique : davantage de légèreté et de mobilité pour échapper à la traque.
« Vous voulez ma carte ? On peut se revoir si vous voulez. Pour discuter mais aussi, si vous avez besoin, je me déplace, j'ai un passeport Schengen... »
Le café mobile pourrait donc prendre la route pour la France ; en sorte de pèlerinage peut-être, de la grille des usines de Billancourt, où Makhno finit sa vie, aux bidonvilles et cabanes de chantiers où s'entassent Rroms, Roumains et Moldaves...