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EDITO JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°4 : MAKHNOVTCHINA / EXPULSÉE PAR LE CADASTRE, UNE AUTRE VILLE : MOBILE

Numéro 4


Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers (2014-2016).


Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme.
Ce nouveau projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.

EXPULSÉE PAR LE CADASTRE, UNE AUTRE VILLE : MOBILE

Métropole et Mobilité sont devenues des « en-soi » chargées de valeurs positives qui ne semblent aucunement remises en question. Elles sont devenues des injonctions faites aux villes comme aux individus. Les villes doivent devenir métropoles et les individus mobiles. Or, accolés, ces deux termes ne promettent qu'une mobilité particulière : celle de « cadres plug and play » qui, pour des raisons professionnelles ou de loisirs se déplacent d'une métropole à l'autre, perpétuellement connectés grâce à un ensemble de dispositifs technologiques. Cependant qu'à l'heure des crises immobilières, du redécoupage du territoire par la pensée de la métropole, de plus en plus de personnes sont poussées à subir, à inventer, à construire ou pratiquer des urbanités mobiles et provisoires.

D'évidence aussi, la ville a changé de nature et dépasse les limites de l'immobilier pour se « virtualiser » dans les réseaux et la communication. Un changement dont les enjeux échappent encore à l'analyse.
C'est cette tentative d'analyse qu'Echelle Inconnue se propose de réaliser en posant et en tentant de croiser, suivant différentes modalités de projets, les questions suivantes :
> Quels enjeux politiques, économiques, sociaux et urbains, les nomadismes contemporains révèlent-ils ? Qu'ils soient historiques (gens du voyage) ou nouveaux (travellers, ouvriers des nouvelles entreprises de réseaux vivant le temps d'un chantier en camping-car ou en hôtel « low cost »...).
> Comment pourrait se penser la question d'une mobilité inter ou extra urbaine voire intra-européenne.
> Enfin, en quoi les nouvelles technologies mobiles modifient-elles notre rapport à l'espace, et comment se ressaisir de manière libre et collective de ce qui constitue un nouveau calque posé sur la ville ?

Mode de vie ou mode de ville ? Re-co-naître en tout cas

Il existe une autre ville, difficilement soluble dans la ville contemporaine, fondant ses codes au milieu du XIXe dans les politiques de grands travaux et de production cadastrale. C'est pourtant ces mêmes politiques qui produiront en partie et marginaliseront davantage cet autre mode de vie, ou mode de ville, qu'est l'habiter mobile ou léger ou par extension, « hors norme » . Les grands travaux de Paris et de fortification verront la naissance de la Zone édifiée sur l'espace non ædificandi bordant les Fortifs et peuplée des délogés du centre urbain. À Dieppe (ville portuaire de Normandie) ce seront les travaux de percement du chenal qui déplaceront les populations pauvres dans les grottes des falaises, puis dans des caravanes à la seconde guerre mondiale. C'est une autre fabrique de la ville, souvent oblitérée, qui pourtant fait histoire et verra en son sein se croiser population pauvre et tsigane. L'intérêt de replacer ce mode d'habiter dans une perspective historique permet d'éviter l'écueil d'une folklorisation d'un mode de vie, nouvel avatar de la discrimination, essentialisant un mode d'habiter ou d'être à la ville selon lequel, l'habiter léger ou mobile ne serait que « l'habitat naturel des tsiganes ». Ce qui permet de justifier a posteriori le fait qu'aucune campagne de logement social n'ait réussi à éradiquer ce mode de vie considéré comme étranger, fût-il de l'intérieur. De même, l'ethnicisation de la question de l'habiter mobile ne permet pas d'en appréhender les formes neuves et contemporaines (travellers, retraités en camping-car et nouveaux travailleurs mobiles vivant plus de la moitié de l'année sur les routes)

Même s'il convient d'élaborer un statut à la caravane comme habitation, il convient bien d'envisager un statut global à cette autre ville qu'est la ville mobile légère. Celle-ci n'est sans doute pas plus choisie que la ville fixe et sédentaire mais en est depuis longtemps déjà le pendant nécessaire que la crise économique, la métropolisation et la mobilité de la main d'oeuvre ne peuvent que voir se développer.


Sommaire du numéro 4
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EDITO JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°4 : MAKHNOVTCHINA / EXPULSÉE PAR LE CADASTRE, UNE AUTRE VILLE : MOBILE
DES ENCLAVES NOMADES DE FAIT ! ROUEN QUAIS RIVE GAUCHE : TRAVELLERS, FORAINS, OUVRIERS DE LA CATHÉDRALE, CAMPING CARISTES.
« ESPACE MOBILE »
DE LA FOIRE AU LOGICIEL LIBRE : ALLERS ET RETOURS PAR ARNAUD LEMARCHAND
HOMMES DES CAVERNES, TRAVAILLEURS NOMADES, MANOUCHES ET RETRAITÉS
RUBRIQUE NOIRE DU CAFÉ MAGIQUE À L'INSTANTANÉ VOYAGEUR
MKN-VAN ATELIER MOBILE, CARAVANE OUTIL
NOMADISME ET MÉTROPOLE REJET, DÉTOURNEMENT ET RÉCUPÉRATION
LE NIGLOBLASTER, RÉPONSE À L'IMPOSSIBLE CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.