Le kiosque et le bazar ou comment, peut-être, l'Orient apprit une économie et une ville à l'Occident.
C'est à la Renaissance que l'Empire ottoman aurait appris aux royaumes européens à « faire le marché »; voyageurs et diplomates important le bazar dans les royaumes de l'Ouest.
C'est dès la fin du XVIe siècle qu'un autre dispositif voyagea de la Turquie en Occident : le kiosque. Pavillon ouvert, il sera importé dans les jardins des cours européennes avant d'arriver au XIXe siècle dans les parcs et jardins publics puis de coloniser places et rues. Abritant événements, promeneurs, spectacles ou concerts, il devient équipement et fournit abri et parfois service technique comme l'éclairage. C'est en 1848, année des révolutions européennes, qu'apparaît son emploi en tant que structure économique : petite boutique installée sur le trottoir vendant journaux, fleurs ou tabac. Il perd dès lors et inverse même la dimension panoptique du kiosque belvédère ou même du kiosque à musique.
Avec les architectes constructivistes russes, le kiosque devient un véritable exercice de style. Monument urbain fonctionnel, il affirme le progrès et devient figure exemplaire d'une architecture publique ou d'un outillage de l'espace commun ainsi qu'un support typographique. Ces projets ne s'embarrassent alors guère de lourdeur. Les formes restent libres et légères apparemment démontables, éphémères.
C'est cette autre histoire de la modernité qui permettrait peut-être de libérer nos espaces de leur fondation et laisser entendre les dynamiques propres et joyeuses d'une ville en devenir perpétuel.
Mais d'évidence, cette histoire de l'art de faire la ville moderne légère et mobile s'est trouvée ignorée et semble rester dans de confortables tiroirs utopiques.