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NOIRE LA RUBRIQUE : SUR LA ROUTE!

Numéro 5


Il y a d'évidence un mur bien plus important, infranchissable et bien plus lourd de sens que tous les autres. Ce mur coupe le monde en deux ; sépare sans espoir de réconciliation l'humanité en deux clans, deux cultures, deux mondes. Un mur ? Que dis-je ? Une lame plongée dans la tasse et séparant tel Moïse le monde liquide en deux. Rejetant de part et d'autre les adeptes du noir breuvage des dieux et les buveurs d'eau chaude : de thé !

Passant de l'Ouest à l'Est comme nous le faisons, c'est aussi ce mur que nous franchissons. De l'autre côté se trouve l'angoissant empire du thé. Trois euros ou pas loin ! tel est le prix, à Moscou, pour accéder à l' exotique et noir breuvage que nous apprécions tant. Trois euros, pas moins et souvent l'inutilité de le commander serré, car pour ce peuple, qui déploie un trésor d'ingéniosité pour aromatiser (et peut-être, rendre potable) les eaux chaudes et marrons que tout le monde semble affectionner, « le café c'est jamais que du café ». La survie est difficile et la rareté du café (du bon en tout cas) met en péril le travail même. Comment sans la possibilité de se réfugier dans n'importe quel bistrot et se concentrer sur les volutes crèmes spiralant la tasse peut-on seulement imaginer réfléchir ?

Mais l'Ouest apporta le pire!
C'est à Chisinau que l'horreur advient. Là, sur les trottoirs de la ville, les plus abjectes des marques d'ersatz caféinés ont fait pousser des distributeurs automatiques de poudre soluble en eau chaude. C'est à une fréquence d'horodateur que ces totems criards jalonnent le chemin.
Heureusement, un noble coeur moldave lutte avec les seules armes à disposition du peuple opprimé : la mobilité et, poussé par un courage et une foi inébranlable, a forgé le fer de lance de l'émancipation : le cafémobile ! L'arrière de son break s'ouvre sur la bombe. Ici ni bouilloire, ni sachets à verser, pas davantage de feuilles asiatiques à faire trempouiller, mais un véritable percolateur ! Flanqué de son moulin à café !
Tel la Makhnovtchina sillonnant l'Ukraine, libérant les villages et les aidant à s'auto organiser, loin des propriétaires et du cadastre.

Sommaire du numéro 5
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ET SI PARIS FAISAIT SEMBLANT DE NE PAS VOIR SON FONCIER?
HABITER COMME CONTESTER
LA ROUTE VERSUS LE MUR
L'HABITAT MOBILE OUVRIER DE DIEPPE À MOSCOU
L'HABITER MOBILE OU L'ALTERMÉTROPOLISATION
L'HYPOTHÈSE DE L'HISTOIRE
MOSCOU : DÉRIVE EN TERRITOIRE MIGRANT
ON VA LÀ OÙ IL Y A DU TRAVAIL !
SAVOIR MAISON GARDER : UNE VILLA MOBILE RECOMPOSABLE
EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°5 : MAKHNOVTCHINA / ENTRE CIRCULATION ET SÉDENTARISATION : HABITER L'IMMOBILIER
NOIRE LA RUBRIQUE : SUR LA ROUTE!
BIDONVILLE DE QUI ES-TU LE PROBLÈME ? DE QUOI ES-TU LA SOLUTION ?
TU VEUX QU'ON BOUGE ? OK ! MAIS COMME ON NE DÉMÉNAGE PAS D'UN BIDONVILLE

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.